Air France-KLM - Conséquences de la guerre russo-ukrainienne

Air France-KLM - Conséquences de la guerre russo-ukrainienne

Le monde est toujours sous le choc de l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui suscite de vives réactions et des inquiétudes légitimes. Dès lors, Moscou est sous le coup de sanctions plus sévères dont les fermetures punitives d’espaces aériens. Air France-KLM s’est donc vu contraint de suspendre ses vols vers la Russie. Aussi, comme beaucoup d’autres compagnies aériennes, le cours de son action connaît une chute. Le groupe coté à la Bourse de Paris recule de près de 17 % depuis le début du conflit.

Impact de la suspension des vols en Russie

Le survol de la Russie n’est plus à l’ordre du jour pour l’entreprise franco-néerlandaise qui doit composer avec le défi de contourner l’espace aérien du pays. Cela implique des études et réflexions qui instaureront de nouveaux plans de vol, plus longs et plus coûteux. Air France-KLM emboîte ainsi le pas à d’autres géants du transport aérien européen que sont IAG, la maison mère de British Airways, et Lufthansa.

Ce chamboulement dans l’organisation du trafic aérien a pour conséquence directe la rupture temporaire des liaisons avec la Corée, la Chine et le Japon. Ces dernières devront attendre les nouveaux plans pour pallier la suspension des liaisons vers Moscou et Saint-Pétersbourg. Il faut remarquer quand même que les mouvements vers l’Asie demeurent très faibles depuis la pandémie et les fermetures de frontières qu’elle a engendrées. Fait que rappelle Luis Gallego, directeur général d’IAG.

Par ailleurs, les cours du carburant sont en hausse, toujours à cause de l’invasion russe, et avoisinent les 100 dollars le baril. Il s’agit d’un autre coup dur pour les compagnies aériennes en général (le pétrole représente près du quart de leurs dépenses) et pour Air France-KLM en particulier. Bien vrai, il est mis en place un système de couverture du risque lié à la volatilité du prix du carburant avec des contrats à court ou à moyen terme. Cependant, le taux de couverture d’Air France-KLM qui est de 60 % fait partie des plus bas comparé à d’autres acteurs comme British Airways (jusqu’à 100 %) et Lufthansa (75,5 %).

2022, une année sous de meilleurs auspices

La pandémie de Covid-19 n’a pas épargné l’industrie du transport aérien. Elle a dû composer avec des pertes évaluées à 126,4 milliards de dollars en 2020 selon l’association du transport aérien international (IATA). Dès 2021, ce montant est passé à 47,7 milliards de dollars, soit une baisse de plus de 62 %. Une amélioration se constate certes, mais les grands aéroports européens ne pourront pas retrouver leur capacité d’investissement normale avant 2032 au regard de la lenteur de la reprise des activités.

Pour Air France-KLM, la remise à niveau s’est opérée progressivement en 2021 avec une restructuration et une réduction des coûts. En fin d’année, soit au quatrième trimestre, le groupe a dépassé ses prévisions en réalisant un bénéfice de 178 millions d’euros (203 millions de dollars), résultat supérieur à celui de 2019 à la même période. Pour le directeur financier, Steven Zaat, cette performance opérationnelle est une « grande surprise ».

Malgré l’avènement du variant Omicron de Covid-19 et son impact sur les vols moyens et court-courriers en décembre et janvier, la capacité et les coefficients de remplissage des vols long-courriers n’ont pas été affectés. Pour cause, les marchés transatlantiques ont repris dès novembre. Le groupe affiche un optimisme pour de meilleures perspectives en 2022.

Galvanisée par la reprise normale de ses activités, la compagnie s’est lancée dans une opération de modernisation de sa flotte. Fin 2021, elle a effectué la commande de 100 moyen-courriers de la famille A320neo. Elle y a même associé une option pour soixante appareils supplémentaires. Et ce n’est pas tout. Ben Smith, le directeur général d’Air France-KLM prend le risque de compter sur les voyages d’affaires pour contribuer à soutenir ce retour en forme. Notons que les restrictions venues en réponse à la crise sanitaire ont redéfini le fonctionnement du monde des affaires, qui s’est désormais habitué aux solutions virtuelles et aux faibles coûts que leur utilisation implique.

Néanmoins, Ben Smith a fait mention de craintes concernant la situation tendue en Ukraine. Il a tenu à prévenir qu’en cas de détérioration celle-ci, les prévisions optimistes quant à une reprise régulière basée sur l’assouplissement des restrictions de voyage seraient affectées.

Le projet de recapitalisation

En 2021, Air France-KLM a enregistré une perte nette estimée à 3,3 milliards d’euros. Le groupe compte aussi beaucoup de dettes dues à la pandémie dont il doit s’acquitter afin de pouvoir rebondir et investir dans d’autres compagnies. C’est ce qui justifie que le transporteur aérien planche sur une recapitalisation dans les prochains mois qui a été estimée à environ 4 milliards d’euros par le journal Les échos. Elle devrait combiner l’augmentation de capital et l’émission d’obligations convertibles (quasiment des fonds propres). Des cessions d’actifs d’une valeur pouvant atteindre 500 millions d’euros pourraient s’y ajouter.

Une recapitalisation implique forcément des participants et en ce sens, la priorité est donnée aux actionnaires. Pour le moment, en dehors de l’État français, qui détient près de 29 % du capital de l’entreprise, les noms qui circulent sont l’État néerlandais, Delta Air Lines et China Eastern. Air France-KLM a pour objectif d’atteindre d’ici 2023 une dette nette revenue au double de l’excédent brut d’exploitation. Ce ratio est d’autant plus important qu’il est un indicateur de choix pour les investisseurs. Pour eux, il traduit la capacité d’une entreprise à honorer ses créances.

Un nouveau PDG en vue pour KLM

Pieter Elbers

Pieter Elbers assure le poste de PDG de la compagnie aérienne néerlandaise depuis octobre 2014. Il a commencé sa carrière chez KLM en 1992 en tant que Responsable du chargement des aéronefs de la compagnie et achèvera son deuxième mandat en tant PDG en 2023. Le conseil d’administration d’Air France-KLM a en effet décidé de ne pas renouveler une seconde fois son mandat.

Bien que les salariés de KLM soient mécontents de ce départ annoncé en janvier 2022, la décision aurait été prise en accord avec Pieter Elbers lui-même. Rappelons qu’en 2019, suite aux premières rumeurs de non-renouvellement, une pétition qui a recueilli plus de 3 000 signatures a été lancée par des salariés de la boîte pour le soutenir.

Le groupe Air France-KLM et son Conseil d’Administration ont exprimé leur gratitude à l’endroit d’Elbers pour les services rendus dans un communiqué. Une transition « en douceur » est attendue avec son futur successeur. Le PDG sortant quant à lui assure qu’il s’engage à accompagner KLM dans cette transition.

Aucun nom n’a encore été mentionné concernant la personne qui reprendra les rênes de la compagnie aérienne. Le conseil de surveillance lancera le moment venu un processus approfondi au terme duquel sera désigné le prochain PDG de KLM, qui aura comme principal défi de maintenir une croissance solide pour l’entreprise dans les prochaines années.