Malgré ses démêlées judiciaires, Orange continue d’avancer sur la voie de la croissance

Malgré ses démêlées judiciaires, Orange continue d’avancer sur la voie de la croissance

Dans la bataille judiciaire qui l’oppose depuis quelques jours à son ancien sous-traitant Scopelec, le groupe Orange avait remporté mercredi 30 mars une première victoire. Le tribunal de commerce de Lyon a en effet jugé irrecevable la plainte déposée contre l’opérateur historique pour « rupture brutale de la relation commerciale ».

Orange remporte une première bataille

Si le différend judiciaire entre Orange et Scopelec est un match de football, on pourrait dire que l’opérateur de téléphonie mobile vient de remporter la première mi-temps. Mercredi, la justice lyonnaise a débouté le sous-traitant d’Orange de sa demande au motif que les règles en la matière n’ont pas été respectées. D’après le tribunal de commerce, l’assignation du groupe dirigé pour quelques jours encore par Stéphane Richard est l’œuvre de la société Setelen, une filiale de Scopelec, ce qui ne permet pas à la juridiction de Rhône-Alpes de se prononcer sur le fond du dossier.

Pour Scopelec, ce revers ne signifie pas l’abandon des poursuites contre son ancien client. Le groupe coopératif envisage la possibilité d’ester en justice de son propre chef dans les prochains jours ou semaines. Tout a commencé il y a un an, quand Orange a lancé un nouveau cycle d’appels d’offres pour renouveler ses contrats de sous-traitance. Au bout du processus achevé en novembre dernier, Scopelec, jusque-là un des principaux prestataires d’Orange, a perdu 65 % des contrats qui le liaient au groupe télécom.

Fin contestée d’une collaboration pluriannuelle

Chez Orange, on indique que tout s’est déroulé de manière parfaitement légale. Tous les sous-traitants ont été informés dès 2018 de la volonté de l’opérateur historique de remettre à plat tous les contrats en cours, dès 2022. Selon Marc Blanchet, directeur technique et du Système d’Information pour la filiale française du groupe Orange, cette décision s’explique par la nécessité de rehausser les niveaux d’exigence de la compagnie, aussi bien en matière de qualité du service, que de la vitesse pour la tenue des rendez-vous. Une notification formelle pour la fin des contrats et le nouvel appel d’offres a ainsi été faite à Scopelec dès le mois d’avril 2020, soit une date de préavis bien supérieure à celle prévue par la réglementation.

Pour Orange donc, les accusations de Scopelec ne sont pas fondées, car la société a perdu les contrats en question en raison de la qualité insuffisante qu’elle offrait.

Selon M. Blanchet, Scopelec aurait ainsi renforcé ses positions dans le sud-est de la France et a perdu d’autres zones. Il a indiqué que leur part de marché chez Orange a environ été divisée par deux, pour des raisons de non-qualité, ajoutant néanmoins que la société a obtenu pour 200 millions d’euros de contrats pour l’année 2022.

Concernant la plupart des déclarations d’Orange, Scopelec n’apporte pas de démentis formels, sauf en ce qui concerne la qualité du service fourni jusque-là. « Sur 15 millions d’interventions en six ans, nous n’avons reçu que 70 mises en demeure », assure-t-on au niveau de la direction.

Le groupe coopératif met plutôt en avant les conséquences liées à la perte des plus de deux tiers de ses contrats avec le groupe de Télécommunications. Le 17 mars, l’entreprise a en effet été placée en procédure de sauvegarde par le tribunal de commerce de Lyon. Amputé de 40 % de son chiffre d’affaires, environ 475 millions d’euros sur la base du bilan financier de l’année dernière, Scopelec voit en effet les emplois de 1 000 collaborateurs menacés. Ces derniers sont d’ailleurs décidés à continuer de faire pression sur le groupe télécom, malgré la date butoir du 1er avril, marquant la fin des anciens contrats de prestation de service. Les syndicats demandent au moins que soit maintenu le même volume de travail pendant les 18 prochains mois.

Opération Masmovil 

masmovil

Les démêlées en justice avec Scopelec n’empêchent pas pour autant Orange de continuer à se développer. L’entreprise française a annoncé le 8 mars dernier l’ouverture de négociations exclusives entre sa filiale de l’autre côté des Pyrénées et l’opérateur espagnol Masmovil. L’objectif des deux partenaires est de fusionner pour créer un nouveau géant dans le secteur de la télécommunication, au pays du roi Felipe VI.

En combinant leurs actifs, Orange et Masmovil s’attendent à générer annuellement un chiffre d’affaires supérieur à 7,5 milliards d’euros et un Ebitdaal (EBITDA after leases) de 2,2 milliards d’euros, grâce à une coentreprise 50-50. En outre, la fusion offrira la possibilité de produire chaque année des synergies supérieures à 450 millions d’euros, dès la troisième année après la conclusion de la transaction. Les deux parties veulent voir aboutir les négociations et la signature du deal d’ici le deuxième trimestre de l’année et finaliser les détails de l’accord pour au plus tard le 30 septembre 2022, sous réserve de l’accord des autorités.

Il faut noter que cette fusion offre aussi des perspectives difficilement quantifiables par son rôle de réduction de la concurrence sur le marché espagnol des télécoms. Le nombre d’opérateurs passerait en effet de quatre à cinq, ce qui pourrait avoir pour effet de diminuer l’intensité de la guerre des prix qui a rogné au fil des ans les marges des opérateurs dans le pays. Notons que l’entité issue de la fusion sera valorisée à près de 20 milliards d’euros, ce qui en fera un concurrent de poids pour le leader du marché espagnol, l’opérateur historique Telefonica. Pour le PDG Stéphane Richard, cette transaction doit permettre au groupe Orange d’accélérer le retour à la croissance en jouant à fond la carte de la taille, et de conforter de façon assez forte sa présence en Espagne.

Collaboration avec DabaDoc et perspectives

Dans le même temps, Orange s’est associé à la start-up DabaDoc pour proposer aux immigrés africains un service de vidéoconsultation pour leurs proches restés en Afrique. L’annonce a été faite le 30 mars par le groupe télécom, qui précise que l’utilisation du service sera possible grâce à sa plateforme Transfert pays. L’utilisateur choisit un montant pour la consultation qu’il a l’intention d’offrir, paye par carte bancaire, et son proche en Afrique obtient un code utilisable sur la plateforme. Si la consultation médicale par visio a émergé en Afrique grâce à la pandémie, elle peut résoudre des problèmes qui sont présents sur le continent, crise sanitaire ou pas. Il s’agit notamment du déficit de médecins et de l’insuffisance de spécialistes.

Alors qu’il continue de se développer et de faire preuve de dynamisme, il faut indiquer que les efforts actuels vont dans le sens des objectifs du groupe Orange qui vise en 2022 une croissance située entre 2,5 et 3 % pour son Ebitdaal, après la contraction de 0,5 % enregistrée en 2021. Cette mission, ainsi que l’objectif d’augmenter le bénéfice brut de l’entreprise cette année, sera désormais conduite par Christel Heydemann à partir du 4 avril. La cheffe d’entreprise remplacera à cette date Stéphane Richard de son poste de DG d’Orange.