Boeing dans le vert pour la première fois depuis la crise sanitaire

Boeing dans le vert pour la première fois depuis la crise sanitaire

Le constructeur aéronautique Boeing se porte mieux. Le géant américain a publié mercredi son bilan pour le premier semestre 2021. Les résultats sont bien meilleurs qu’il y a un an et la société compte poursuivre sur cette lancée pour le reste de l’année. Avec l’augmentation du nombre de personnes vaccinées dans le monde, les restrictions se réduisent inexorablement et le transport aérien, secteur duquel dépend Boeing, retrouve des couleurs. De quoi donner le sourire aux dirigeants et actionnaires.

Bilan semestriel en hausse

Les résultats présentés cette semaine montrent une progression fulgurante des indicateurs économiques de Boeing. On note ainsi un chiffre d’affaires qui a augmenté de 12 % pour atteindre 28,71 milliards de dollars pour la première moitié de l’année. Cela est fortement lié aux revenus du deuxième trimestre, qui ont atteint 17 milliards $, en hausse de 44 % en glissement annuel. Les bonnes nouvelles ne s’arrêtent pas là puisque Boeing peut se targuer d’un bénéfice par action de 0,09 $ contre une perte de 5,31 $ l’année dernière. La compagnie est également passée d’une perte de 2,4 milliards $ l’année dernière, à un bénéfice de 567 millions $ fin juin. Ce chiffre est important, car c’est la première fois, depuis le début de la crise sanitaire, que Boeing devient profitable.

Les investisseurs ont accueilli cette nouvelle avec enthousiasme puisque l’action de Boeing est passée de 222 $ mardi 27 juillet à 234 $ le lendemain, soit une hausse de 5 %. Cette bonne santé financière du groupe est le fruit, apprend-on, de l’explosion des ventes d’avions. Les livraisons ont en effet quadruplé par rapport à l’année dernière, en particulier la vente de 130 avions du modèle 737 MAX depuis le début de l’année.

Si les achats d’avions ont augmenté, c’est en raison, il faut le souligner, d’une amélioration globale de la situation sanitaire dans le monde. Certains pays continuent certes de subir une augmentation des cas de contamination, mais les niveaux record atteints il y a quelques mois semblent bien loin. Cela tient notamment à la mise en place des campagnes de vaccinations massives qui permettent désormais de voir au loin le bout du tunnel de cette pandémie. Les États-Unis ont ainsi vacciné la moitié de leur population et d’autres pays sont plus ou moins avancés dans le processus.

Cela encourage les gouvernants à lever des mesures de restrictions qui ont déjà été assouplies. Depuis quelques mois en effet, les voyages aériens totalement interrompus pendant une bonne partie de l’année 2020 ont repris. Cela se traduit par le retour de la croissance chez les compagnies aériennes, qui peuvent donc à nouveau lancer des commandes d’avions neufs auprès des constructeurs, dont Boeing.

« Alors que l’environnement de notre marché commercial s’améliore, nous surveillons de près les taux de cas de COVID-19, la distribution des vaccins et le commerce mondial, qui sont des indicateurs clés de la stabilité de notre industrie », a commenté David Calhoun, PDG de la compagnie.

Des difficultés qui s’éloignent

Boeing 737 Max

Les bons résultats présentés cette semaine tranchent avec les difficultés rencontrées pendant plusieurs mois par Boeing. Si la pandémie a entraîné l’annulation ou le report des livraisons d’avions à des compagnies aériennes, Boeing a surtout souffert des déboires de son 737 MAX. Version revisitée du modèle 737 du même constructeur, le Boeing 737 MAX a effectué son vol inaugural début 2016, puis la compagnie a commencé les premières livraisons un an plus tard. Alors que la compagnie comptait sur son nouveau modèle pour l’aider à reléguer la concurrence - Airbus - loin derrière, tout ne se passe pas aussi bien dans les mois qui suivent.

Le 737 MAX est en effet au centre de deux accidents mortels à quelques mois d’intervalle, d’abord en octobre 2018 avec la compagnie Lion Air en mer de Java, puis en mars 2019 avec Ethiopian Airlines, peu après un décollage de l’aéroport d’Addis-Abeba. Ces deux catastrophes causent la mort de près de 350 voyageurs, et Boeing est cloué au pilori. Le reste des avions de la flotte sont maintenus au sol pendant un an et demi et, au cours des enquêtes déclenchées par les autorités, plusieurs défaillances cachées par l’entreprise sont mises en évidence. L’administration américaine de l’aviation civile découvre par exemple des documents dissimulés par Boeing à propos des problèmes en question. Cela cause la disgrâce de la direction de Boeing, avec notamment la démission du PDG Dennis Muilenburg quelques mois plus tard.

La conjonction de toutes ces difficultés cause au final une perte annuelle de 11,9 milliards de dollars pour Boeing en 2020, liée surtout à un très mauvais dernier trimestre avec 8,42 milliards $ de pertes nettes pour les trois mois terminés en décembre dernier. Néanmoins, après 22 mois au sol, Boeing a été autorisé en début d’année 2021 à faire redécoller ses avions.

« Après une analyse approfondie de l’EASA, nous avons déterminé que le 737 MAX peut reprendre du service en toute sécurité. Cette évaluation a été réalisée en toute indépendance […] et sans aucune pression économique ou politique », affirme le directeur général de l’European Union Aviation Safety Agency (EASA), Patrick Ky.

Engagé pour la durabilité

Alors que gouvernants, investisseurs et consommateurs appellent les multinationales à œuvrer davantage pour la préservation du climat et de la planète, Boeing a également fait cette semaine un pas dans cette direction. Le groupe a publié le 27 juillet son premier rapport sur le développement durable. Il y expose notamment ses avancées dans le secteur, les prochains objectifs et les perspectives. « En septembre 2020, au cœur de la crise pandémique qui touche le monde entier, Boeing a formé une structure dédiée au développement durable dans le but d’accélérer ses priorités environnementales, sociales et de gouvernance à tous les niveaux du Groupe », explique Chris Raymond, Directeur du développement durable de Boeing.

La compagnie veut ainsi produire des avions commerciaux utilisant uniquement du carburant durable d’ici 2030. Cela fait partie d’une stratégie plus large visant à réussir la transition énergétique de Boeing, en mettant un accent sur les énergies renouvelables avec le renouvellement de la flotte d’avions. La société veut par ailleurs atteindre la neutralité carbone sur ses sites de production, en réduisant par exemple sa consommation d’eau de 23 % ou le volume de déchets solides de 44 %. La lutte contre le racisme et les discriminations envers les minorités seront également au cœur des activités de développement durable de Boeing. Le géant aéronautique investira 234 millions de dollars en dons communautaires avec la collaboration de plus de 13 000 partenaires communautaires.