Devenir un géant de l’électrique : la nouvelle ambition de Renault

Devenir un géant de l’électrique : la nouvelle ambition de Renault

Renault a annoncé deux accords majeurs pour la production de batteries électriques sur le sol français. Alors que le boom des véhicules électriques en est encore à ses prémices, le groupe automobile français a déjà pris du retard sur certains concurrents d’où l’importance d’accélérer ses plans. Pour être un acteur de la transition énergétique en cours, aucun soutien ne sera de trop.

Fabriquer des batteries électriques en France avec Envision

Les deux partenariats annoncés en début de semaine vont permettre à Renault de cocher plusieurs cases dans sa stratégie visant à devenir un géant de l’automobile électrique. Le premier accord a été signé avec le japonais Envision AESC, filiale de la société chinoise Envision, un spécialiste mondial de la technologie de batteries et des usines de batteries smart. Il porte sur un investissement de près de 2 milliards $ destiné à la construction d’une méga-usine de batteries électriques à Douai, une commune des Hauts-de-France. Avec une capacité annuelle de 9 GWh à son entrée en service en 2024, elle sera l’une des plus grandes de France. Renault précise que cette capacité sera portée à 24 GWh à l’horizon 2030.

Cette usine est destinée à fournir les véhicules électriques que Renault produit en France, non seulement sur le site de Douai, mais aussi à Maubeuge et Ruitz, toujours en Hauts-de-France. Renault réduira ainsi sa dépendance vis-à-vis des marchés asiatiques, notamment chinois, qui fournissent encore la majorité des batteries utilisées dans les véhicules électriques. De plus, le coût de fabrication est annoncé comme très compétitif et rendra donc les véhicules électriques de Renault davantage accessibles aux consommateurs.

De tels avantages constitueront un atout majeur dans le plan de Renault visant à faire des véhicules électriques 90 % des ventes de la marque à la fin de la décennie. Le groupe français compte également profiter de cette opportunité pour réduire l’empreinte carbone de ses opérations afin d’atteindre plus rapidement la neutralité.

« En investissant dans la construction d’une nouvelle gigafactory dans le nord de la France, nous voulons soutenir la transition vers le zéro carbone en rendant les batteries et les véhicules électriques haute performance et à plus longue autonomie, abordables et accessibles à des millions d’automobilistes », a commenté Lei Zhang, PDG d’Envision Group.

Notons que les installations de Douai participeront à la lutte contre le chômage en France, avec la création de 1 000 emplois d’ici 2024. Et jusqu’à 2 500 emplois en 2030, lorsque l’usine aura atteint sa vitesse de croisière.

Des batteries plus performantes grâce à la startup Verkor

Verkor

En dévoilant l’accord avec Envision, Renault a également profité de l’occasion pour présenter son autre partenariat majeur de ce milieu d’année. Il concerne la startup grenobloise Verkor, avec laquelle le groupe français veut collaborer pour développer de cellules de batteries pour véhicules électriques plus performantes. Ces dernières seront adaptées, apprend-on, aux véhicules électriques du segment C (compacte bicorps et tricorps) et de segments supérieurs de la gamme Renault. Les modèles « alpines » seront également concernés.

Pour mener à bien les travaux, un centre de recherche et de développement dénommé Verkor Innovation Center sera construit et associé à une ligne pilote pour les prototypes des nouvelles batteries. Tout ce processus devrait s’achever en 2022. Ensuite, Renault a convaincu Verkor de lui construire une nouvelle gigafactory, spécialement configurée pour produire les batteries hautes performances qui auront été préalablement conçues. D’une capacité initiale de 10 GWh par an lors de son entrée en production en 2026, l’usine sera déjà supérieure à celle construite en partenariat avec Envision. Comme cette dernière, elle atteindra sa pleine capacité (20 GWh) à l’horizon 2030.

Notons que la collaboration entre les deux entreprises contribuera à la création de 1 200 emplois directs dans les années à venir. Elle favorisera également la réduction des émissions carbone, car le processus de fabrication des nouvelles batteries émettra 75 % moins de carbone que les méthodes actuelles.

« Ces nouveaux partenariats avec Envision AESC et Verkor vont considérablement renforcer notre position pour assurer la production d’ici 2030 d’un million de véhicules électriques “made in Europe”. Il s’agit d’une étape majeure pour […] atteindre notre objectif de neutralité carbone », conclut l’Italien Luca de Meo, PDG de Renault Group.

Partenariat avec STMicroelectronics

STMicroelectronics

Toujours dans le secteur des voitures électriques, le constructeur français s’est une nouvelle fois associé à un autre partenaire. Il s’agit du géant STMicroelectronics, multinationale franco-italienne spécialisée dans la fabrication des microprocesseurs. Cette dernière va aider Renault à concevoir, développer puis produire à grande échelle diverses solutions d’emballage pour les systèmes électroniques de puissance. Ils seront embarqués sur les véhicules à batteries, mais aussi sur les modèles hybrides, apportant une amélioration significative en termes d’autonomie des véhicules.

Cela impactera l’efficacité de la charge de ces engins et réduira aussi les pertes de puissance. De plus, la collaboration permettra à Renault de garantir son approvisionnement pour les composants clés nécessaires dans la lutte contre le gaspillage énergétique dans les véhicules électriques. Une fois encore, cela contribuera, à en croire Luca de Meo, à la démocratisation de l’usage des véhicules électriques, notamment dans les classes moyennes et populaires.

« Nous sommes ravis de travailler avec le leader du marché, STMicroelectronics, pour intégrer leur électronique de puissance avancée et co-développer des technologies pour améliorer encore la capacité énergétique de nos batteries de véhicules électriques et hybrides et leurs performances sur route et en charge », a ajouté le patron de Renault.

Rattraper Volkswagen et devenir un géant de l’automobile électrique

Les multiples partenariats annoncés ces derniers jours visent un seul et même but : faire du groupe français un acteur majeur dans le secteur des véhicules électriques. Alors que des concurrents comme Tesla ou Volkswagen ont pris une longueur d’avance dans le domaine, Renault veut se donner les moyens de les rattraper. Mercredi 30 juin, la société a présenté une stratégie encore plus ambitieuse pour ce secteur.

Si 1 million de voitures électriques sont déjà prévues annuellement d’ici 2030 (contre 200 000 en 2020), Renault veut également sortir 10 nouveaux modèles d’ici 2025. Il s’agira de revisiter les versions abordables et emblématiques qui ont fait le succès de la marque par le passé, afin de les adapter à l’ère moderne. Une version compacte de la Renault 5 est prévue, de même qu’une nouvelle « 4ever » électrique. Il faut souligner qu’un premier modèle de ses nouvelles voitures électriques promis par Renault arrivera sur le marché dès l’année prochaine. Il s’agira de la MeganE (Megane E), qui devrait être commercialisée au plus tard pour juin 2022. Lentement mais sûrement, Luca De Meo, qui a déjà participé à la relance du constructeur espagnol Seat, compte faire entrer Renault dans une nouvelle ère.