La crainte d’une deuxième vague de la COVID-19 sur les marchés boursiers

Depuis un mois environ, de nombreux pays ont progressivement assoupli les restrictions imposées pour freiner la propagation de la COVID-19. Bien que ce soit une bonne nouvelle pour les nombreuses personnes et entreprises qui ont été affectées par ces restrictions, cela soulève la question d’une éventuelle seconde vague de l’épidémie.

Qu’est-ce qu’une « deuxième vague » ?

Il n’y a pas de définition unanime de deuxième vague. Selon Medicine Net, la définition d’une seconde vague est la hausse des infections par un virus au sein d’un groupe particulier de personnes ; après qu’ils ont connu une baisse.

Cette définition correspond à la propagation de la pandémie de grippe de 1918 (grippe espagnole). La première vague s’est produite en hiver, entre la fin de 1917 et le début de 1918. L’un des premiers cas a été enregistré dans un camp de l’armée américaine au Kansas. Cette vague a été considérée comme bénigne, car les taux de mortalité étaient faibles et a fini par disparaître en été. Les gens sont alors retournés à la vie normale en supposant que la grippe était terminée.

Puis, à l’automne 1918, la grippe est revenue en force et a causé de nombreux décès. Cette deuxième vague a été attribuée au mouvement des soldats dans le monde entier après la Première Guerre mondiale.

D’autres scientifiques comme Melissa Hawkins, professeur de santé publique à l’American University, pensent que pour être qualifiés de vague, les taux d’infection doivent diminuer à un niveau très bas avant la résurgence. Cette définition peut prêter à confusion, car dans la plupart des pays, il est difficile de déterminer le moment où les taux d’infection ont été suffisamment réduits pour faire une vague complète.

Comment les marchés boursiers ont-ils réagi à la première vague ?

Cela étant dit, il existe un consensus sur le fait que les pays européens pourraient connaître une deuxième vague. Les bourses sont particulièrement sensibles au sentiment du marché, car les investisseurs sont généralement très prudents.

Lorsque les taux d’infection et le nombre de décès ont grimpé en flèche en février et mars, les marchés boursiers européens se sont effondrés. L’indice STOXX Europe 600 a chuté de plus de 30 % en un mois, entre le 20 février et le 20 mars. Il s’agit de la plus forte baisse en plus de dix ans, depuis la crise financière de 2008. Cette forte baisse a été exacerbée par les rapports du FMI selon lesquels l’économie mondiale allait se contracter de 3 % du PIB.

Étonnamment, les marchés boursiers se sont rapidement redressés malgré la pandémie qui faisait rage, ce qui a fait sourciller. Alors que l’économie mondiale est officiellement en récession, les marchés boursiers ont récupéré la quasi-totalité des pertes subies au début du mois de mars. Par rapport aux creux enregistrés en mars, l’indice STOXX Europe 600 a récupéré plus de la moitié des pertes subies.

Il s’avère que la récession économique causée par la COVID-19 est très différente de la crise financière de 2008 ou de la Grande Dépression, par exemple. L’ancien président de la Fed, Ben Bernanke, a déclaré à la CNBC que la récession économique causée par la COVID-19 correspond davantage à une catastrophe naturelle.

En outre, l’amélioration de la situation a été entraînée par des mesures prises pour contenir la propagation de la COVID-19, comme la distanciation sociale. Par conséquent, cela signifie qu’il n’y a pas de problème inhérent à l’économie elle-même, ce qui explique pourquoi les investisseurs ont toujours confiance aux marchés.

Comment une deuxième vague pourrait-elle affecter les marchés actions ?

La plupart des pays avaient imposé des restrictions pour freiner la propagation du virus dès le mois de mars. Mais comme chaque pays est libre de contrôler la pandémie à sa manière, il est également libre d’assouplir ou de lever ces restrictions. À mesure que les pays assouplissent ces restrictions, on craint qu’une augmentation des contacts sociaux ne provoque une deuxième vague de propagation. Cette crainte risque d’affecter les marchés boursiers tout au long de l’année. Et il y a déjà eu quelques signes révélateurs.

Certains pays ont en fait connu une recrudescence des infections après avoir assoupli les restrictions de confinement. Il s’agit notamment de la Corée du Sud, d’Israël, du Japon, de la Chine, de l’Allemagne et de la Nouvelle-Zélande. Il est évident que cela a eu un impact négatif sur les actions. Un exemple s’est produit pendant une semaine à partir du 18 juin, lorsque 400 ouvriers d’un abattoir en Allemagne ont été testés positifs. À cause de cette nouvelle, ainsi que d’autres cas d’infection, les marchés boursiers mondiaux perdent de la vitesse sur la reprise à la hausse.

Cela se manifeste sur les indices majeurs. Le CAC 40 est dans une progression latérale autour de 5000 points depuis le début du mois de juin.

CAC40-Graphique

D’autre part, plusieurs autres pays ont connu un certain succès dans le déconfinement, notamment le Royaume-Uni et la France.

En juin, la Banque de France a déclaré que l’économie fonctionnait à 7 % en dessous des niveaux normaux. Cela serait normalement désastreux, sauf qu’il s’agit d’une amélioration par rapport aux 9 % de mai et aux 32 % de mars.

Le principal obstacle à une reprise économique rapide est la crainte des investisseurs d’une deuxième vague de la COVID-19. En témoignent les faibles rendements des marchés obligataires mondiaux, la hausse du prix de l’or et la ruée vers d’autres valeurs refuges. Cette crainte éloigne les investisseurs des marchés boursiers en attendant la fin de l’été.

De nombreux scientifiques craignent aussi que la deuxième vague puisse revenir après l’été, lorsque des températures plus froides se manifesteront, comme ce fut le cas pour la grippe espagnole.

D’ici là, nous nous attendons à ce que les marchés soient dans une tendance neutre.