EssilorLuxottica : le franco-italien qui n’a pas fini de croître

EssilorLuxottica : le franco-italien qui n’a pas fini de croître

La multinationale EssilorLuxottica a élargi son empreinte dans le secteur de l’optique. Le géant des lunettes issu du mariage entre l’entreprise française Essilor et l’italien Luxottica à l’automne 2018 a en effet bouclé une offre publique d’achat pour le reste des actions non détenues dans son ancien rival néerlandais GrandVision. Possédant déjà 86,67 % des parts, la société a porté ce chiffre à 99,73, selon le communiqué qu’elle a diffusé.

Un géant qui rêve plus grand

Pour réussir cette opération de rachats de parts, EssilorLuxottica a promis un montant de 28,42 € pour chaque action. Elle a récupéré un total de 33 225 412 d’actions de la société GrandVision, ce qui correspond environ à 944 266 209 €. Cela représente un peu moins du septième du capital de la société, soit approximativement 13,06 % des actions. Les vendeurs sont entrés en possession du produit de la cession d’actions ce 8 décembre.

Quant à EssilorLuxottica, elle a décidé, en accord avec sa filiale GrandVision, de radier les actions de cette dernière de la bourse Euronext Amsterdam. Cela suppose que l’ensemble des activités de GrandVision sera désormais intégré au groupe EssilorLuxottica, créant un géant encore plus important sur le marché des lunettes de soleil et de vue, et bien d’autres équipements optiques.

Avec 3,5 milliards de chiffre d’affaires annuel, GrandVision n’est en effet pas un petit poucet dans le secteur. Selon son site, la compagnie est présente dans plus de 40 pays et emploie plus de 39 000 personnes. Ses résultats au troisième trimestre 2021 illustrent même son potentiel de croissance. La société a ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 2,96 milliards € pour les neuf premiers mois de l’année. Cela représente, indique GrandVision, une hausse de 22 % en glissement annuel, mais reste inférieur à la performance établie il y a deux ans, 3,04 milliards € pour les trois premiers trimestres de 2019.

Par contre, l’EBITDA ajusté a augmenté en glissement sur les neuf premiers mois de l’année à 384 millions d’euros. Cet indicateur a même plus que doublé comparé aux 153 millions € de l’année dernière. Pour le PDG de la société, Stephan Borchert, ces résultats sont le fruit des efforts de l’entreprise, qui a réussi à surmonter les défis liés à la pandémie de Covid-19. GrandVision bénéficie aussi de la finalisation de la transaction conclue avec EssilorLuxottica en juillet 2019.

C’est ce grand groupe qu’EssilorLuxottica ajoute désormais à son portefeuille, elle qui enregistre déjà de son côté de bons résultats. Au troisième trimestre, la compagnie basée à Charenton-le-Pont a ainsi enregistré une croissance de 9 % de son chiffre d’affaires, à taux de change constants, par rapport à 2019. Il a atteint 4,46 milliards d’euros, soutenu, apprend-on, par les croissances à deux chiffres enregistrées en Amérique du Nord, et une importante accélération dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Francesco Milleri et Paul du Saillant, directeur général et directeur général délégué de l’entreprise se sont félicités de cette performance consécutive au rythme de reprise soutenu déjà enregistré au deuxième trimestre.

Rachat de Lenstec Optical Group

Lenstec Optical Group

GrandVision n’est pas la seule société qui est totalement entrée dans le giron d’EssilorLuxottica. Le 14 octobre dernier, la société a annoncé l’approbation de la Competition and Markets Authority (CMA), équivalent français de l’Autorité de la concurrence, pour son projet de rachat de Lenstec Optical Group. Il s’agit d’une société d’optique qui propose depuis 1983 divers produits pour améliorer la vue.

Depuis 2016 et un accord entre Lenstec et le fabricant de verres Shamir, société dans laquelle EssilorLuxottica détient des actions, le groupe français est actionnaire minoritaire dans Lenstec. Elle souhaite désormais en prendre le contrôle auprès de Nigel Castle et Gerard Donovan, ses deux propriétaires. Comparé à GrandVision et à la taille d’EssilorLuxottica, Lenstec est plutôt un petit poucet, avec son chiffre d’affaires de 22 millions de livres sterling réalisé en 2019. Mais pour l’entreprise dirigée par M. Milleri, il s’agit de diversifier sa base clientèle, en offrant aux consommateurs britanniques l’accès à la gamme de produits proposés par EssilorLuxottica. Notons que la transaction devrait être bouclée cette année.

Pour Nigel Castle, DG de Lenstec, ce rachat permet à l’entreprise d’étendre son offre de produits et de services tout en conservant la proximité, le niveau de service et les solutions que ces derniers attendent d’elle.

Lancement de la Chaire Global Circular Economy

Dans le cas de ses engagements en faveur de la durabilité, EssilorLuxottica a lancé début décembre, avec la collaboration d’autres acteurs que sont la maison de luxe L’Oréal, l’ESSEC Business School de Cergy et Bouygues, la première chaire internationale autour de l’économie circulaire. Baptisé Chaire Global Circular Economy, ce pionnier permettra de former les futurs décideurs sur les stratégies à mettre en œuvre pour réussir la transformation circulaire au sein des organisations. La Chaire sera ainsi composée des jeunes pousses que sont les startups, mais aussi d’entreprises établies, d’universitaires et d’organismes publics. Le fruit de leurs réflexions permettra aussi aux gouvernants de mettre en place les réglementations allant dans le sens du développement de l’économie circulaire à travers toute l’Europe.

Commentant cette annonce, les dirigeants du groupe ont indiqué qu’EssilorLuxottica croit fermement dans le pouvoir de la collaboration et que le programme « Eyes on the Planet », lui permettra de répondre à l’évolution des besoins visuels et à la demande d’une industrie en expansion de façon responsable et durable. Ils ont précisé que le partenariat ainsi lancé devrait permettre d’innover dans les domaines de la recherche, de la réduction, mais aussi de la réutilisation et du recyclage.

Pour rappel, le programme de développement durable « Eyes on the Planet » d’EssilorLuxottica lancé en juillet dernier est constitué de cinq principaux engagements. Ils concernent en l’occurrence la réduction de l’empreinte carbone, des actions en faveur de l’économie circulaire et de l’inclusivité. À cela s’ajoutent l’éthique et enfin l’amélioration de l’accessibilité des soins optiques, le cœur même de l’activité de l’entreprise.

Innovations

En dehors des chiffres, des acquisitions et des partenariats, l’actualité récente d’EssilorLuxottica a été marquée par sa participation en septembre dernier au salon international de l’optique. La société y a notamment reçu le « Silmo d’Or » pour sa conception du Transitions XTRActive Polarized. Il s’agit de verres photochromiques qui associent les performances de sa gamme XTRActive aux avantages de la polarisation afin de permettre une vision plus large, mais aussi plus nette des couleurs vives. Les autres innovations de l’entreprise présentées à cet évènement incluent le Ray-Ban Stories. Développé avec Facebook et disponible sur le marché français dès l’année prochaine, il s’agit de lunettes intelligentes.

Déjà une valeur sûre du CAC 40, l’action EssilorLuxottica prend un peu plus de poids et a de belles perspectives de croissance devant elle. Si l’entreprise arrive à concrétiser ses ambitions, son cours pourrait déjà à moyen terme viser les 190 euros.