Avec un nouvel investissement de 140 millions €, Volkswagen poursuit sa croissance dans l’électrique

Volkswagen-Electrique

Le groupe automobile allemand Volkswagen a annoncé une nouvelle offensive dans le secteur des véhicules électriques. Il a en effet lancé la construction d’une nouvelle usine de systèmes de batteries en Chine, afin d’alimenter sa croissance dans ce secteur en plein boom.

Première usine chinoise en propriété exclusive

La nouvelle usine de batteries que Volkswagen veut construire en Chine se trouvera dans la province intérieure d’Anhui, à l’est du pays. Dénommée VW Anhui Components Company, la future installation aura une capacité de production initiale de 150 000 à 180 000 par an de systèmes de batteries de type haute tension, pour les véhicules entièrement électriques produits grâce à la plateforme MEB de la marque allemande. MEB, pour Modularer Elektrobaukasten, est une plateforme modulaire électrique qui est censée révolutionner le design et le confort des véhicules Volkswagen.

D’ailleurs, l’usine sera installée à proximité de l’actuel site de fabrication des véhicules électriques de Volkswagen, ce qui constitue, selon la compagnie, un gain notable en termes d’efficacité et de coûts logistiques, mais aussi au niveau du délai de mise sur le marché des voitures.

Si l’investissement de 140 millions d’euros prévu par Volkswagen pour ses nouvelles installations devrait s’étaler jusqu’en 2025, il faut souligner que la production elle-même devrait commencer deux ans plus tôt. La compagnie table en effet sur le deuxième trimestre 2023 pour la sortie d’usine des premiers produits. Notons que par le biais de VW Anhui Components Company, le groupe Volkswagen sera le seul propriétaire de l’usine, ce qui en fera la première installation de systèmes de batteries détenue à 100 % par le constructeur allemand dans l’empire du Milieu.

« Le développement et la production de systèmes de batteries sont une étape cruciale sur la voie de la responsabilité de bout en bout de la batterie. Ainsi, Anhui est un pilier important de notre stratégie mondiale en matière de batteries », explique Thomas Schmall, membre du conseil d’administration du groupe Volkswagen pour la technologie et PDG de Volkswagen Group Components.

Six gigafactories en Europe d’ici 2030

La stratégie qu’évoque M. Schmall a déjà permis au deuxième constructeur automobile mondial derrière Toyota de lancer la construction de trois usines similaires en Asie, en Europe et aux États-Unis. Il faut dire que les restrictions de plus en plus strictes visent actuellement les moteurs à combustion interne qui ont fait la fortune des constructeurs automobiles par le passé. Dans l’Union européenne par exemple, Bruxelles a proposé aux États membres d’approuver l’interdiction des moteurs essence et diesel pour 2035, afin de passer au « tout vert ».

Pour ne pas se laisser surprendre par les régulateurs ou distancer par ses concurrents, Volkswagen s’est donc lancé dans une stratégie ambitieuse de construction de gigafactories, géantes-usines de production de batteries électriques, sur le vieux continent. Le groupe allemand compte en installer six d’ici 2030 pour une capacité totale de production qui s’élève à 240 gigawattheures (GWh), soit 40 GWh par usine.

À cet effet, deux usines sont déjà en cours de construction, respectivement en Allemagne (Zalzgitter) et en Suède, en partenariat avec Northvolt. L’usine allemande entrera en production en 2025, alors que celle située en Suède sera opérationnelle dès 2023. « Nous voulons ouvrir la troisième (usine) en Espagne, au Portugal ou en France […] Cela dépendra de l’endroit où nous aurons les meilleures options », a avoué Thomas Schmall, directeur technique de Volkswagen.

Notons que ces différentes usines pourront être gérées uniquement par Volkswagen ou avec d’autres sociétés dans le cadre de coentreprises. Elles viendront soutenir l’ambition générale de la compagnie allemande qui compte investir plus de 30 milliards € dans sa transformation électrique. Le géant automobile veut ainsi vendre 50 % de véhicules électriques d’ici 2030 et jusqu’à 100 % en 2040.

Remariage avec EuropCar

Europcar

Lundi 20 septembre dernier, les banques BNP Paribas et Bank of America Europe DAC ont déposé, au nom d’un consortium d’investisseurs dont Volkswagen, les documents concernant l’offre publique d’achat d’Europcar, auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Il s’agit de l’une des dernières étapes avant la finalisation effective de l’opération annoncée fin juillet 2021. Le consortium en question est Green Mobility Holding, détenue à 66 % au Luxembourg par Volkswagen Group, le reste des intérêts appartenant au britannique Attestor (27 %) et à la plateforme néerlandaise Pon.

Malgré cette diversité géographique des repreneurs, notons que la société EuropCar devrait demeurer une entité française, avec un siège social à Paris et une cotation sur le marché Euronext Paris. La cession ne devrait également pas avoir un « impact significatif » sur les salariés actuels, au nombre de 10 000, de l’entreprise.

Pour Volkswagen, cette opération a un air de déjà vu puisque l’entreprise allemande a déjà été propriétaire d’EuropCar entre 1999 et 2006, année où elle céda la société à Eurazeo pour 3,3 milliards d’euros. À 0,5 € l’action, le nouveau rachat valorisera l’entreprise, qui se trouvait l’année dernière au bord de la faillite, à 2,9 milliards d’euros, si l’on y ajoute ses dettes. Il faut souligner que ce rachat s’intègre bien dans la politique « mobilité » du géant allemand.

« Construire une plateforme de mobilité de premier plan est une priorité essentielle de notre stratégie NEW AUTO récemment annoncée. Avec ses capacités avancées de gestion de flotte et son solide réseau de stations, Europcar contribuera à accélérer la réalisation des objectifs ambitieux de Volkswagen en matière de services de mobilité », a indiqué Herbert Diess, PDG du groupe Volkswagen.

Pour rappel, EuropCar est considéré comme le leader européen du secteur des services de location de voitures et de mobilité. En 2019, elle possédait un parc de 350 000 véhicules, que la société compte convertir progressivement à l’électrique ou à l’hybride d’ici deux à trois ans, avec une présence dans plus de 140 pays soutenue par plus de 3 500 stations. Plus de 5 millions de personnes ont recours à ses services chaque année. La transaction a déjà été approuvée par le conseil d’administration d’EuropCar et le conseil de surveillance de Volkswagen AG.

L’électrique, motif de succès en bourse ?

Entre mi-mars et début avril, l’action du groupe Volkswagen est passée de 190 € environ à près de 250 euros, sous l’influence des annonces du groupe allemand qui entendait concurrencer Tesla sur le terrain des véhicules électriques. Il est en hausse de plus de 51 % depuis un an malgré la baisse des revenus en 2020 sous l’effet de la pandémie de Covid-19, et la perte du statut de numéro un mondial au profit du japonais Toyota.

Quoi qu’il en soit, à l’heure de la transition énergétique, la stratégie de Volkswagen de miser sur le tout électrique pour son futur ne peut qu’être bénéfique à long terme, aussi bien pour son chiffre d’affaires que Forbes voit déjà atteindre 245 milliards d’euros cette année, que pour ses actions en bourse.