Impact du coronavirus (COVID-19) sur les marchés

Le mois de mars 2020 restera à jamais gravé dans l’histoire des marchés financiers. La chute des bourses a été plus prononcée qu’en 2008. Le carnage sur les marchés actions a commencé en février, lorsque l’expansion du virus a commencé à se faire en dehors de la Chine, notamment en Italie.

Pourtant, en février, le CAC 40 marquait ses plus hauts niveaux depuis 13 ans, à 6100 points. Les mesures de confinement qui ont débuté au début du mois ont inquiété les investisseurs, car cela implique une diminution de la consommation, et donc de la production industrielle.

Au début de la dernière semaine de mars, les indices principaux ont pour la plupart marqué des pertes à 2 chiffres depuis leurs plus hauts niveaux annuels respectifs :

Graphique CAC40

  • CAC 40 : -33 %
  • DAX : -35 %
  • FTSE MIB (Italie) : 37,7 %
  • S&P 500 : -32 %

Répercussions difficiles à mesurer

Il est pour l’heure impossible de quantifier avec exactitude l’ampleur des répercussions de l’épidémie sur l’économie. D’autant plus que le nombre de cas confirmés dans le monde continue de grimper et c’est ce qui inquiète les investisseurs.

Les retombées à long terme du nouveau coronavirus sont difficiles à prévoir. Elles sont subordonnées à plusieurs éléments, à savoir la vitesse de propagation du virus et les mesures prises par les différents gouvernements et banques centrales.

Les mesures prises jusque là n’ont pas convaincu les investisseurs. Le 3 mars, la Réserve fédérale américaine (Fed) baissait par surprise ses taux d’un demi-point. Les principaux indices avaient quand même chuté le lendemain.

Une semaine plus tard, la BCE avait quant à elle maintenu ses taux, mais la conférence de presse de sa Présidente, Christine Lagarde, qui s’en est suivie, n’avait pas non plus convaincu les marchés. Le lendemain, le 12 mars, le CAC 40 a subi sa plus forte chute en une séance avec une perte de 12,3 %.

Bon nombre d’experts tablent sur une maîtrise de l’épidémie pendant l’été. Mais cela ne signifie pas pour autant une fin des mesures de confinement. Dès que l’activité reprendra, la maladie pourra encore se propager.

Les secteurs les plus touchés

Le nombre de pays touchés par le COVID-19 s’élève à 188 selon les derniers chiffres de Worldometers. Le secteur touristique est en première ligne face au virus. Entre annulations des voyages et des réservations, le secteur compte ses pertes par milliards et la situation risque d’empirer.

L’association internationale du transport aérien (IATA) a estimé les pertes à 200 milliards de dollars pour le secteur aérien et ce chiffre évolue au fur et à mesure que l’épidémie se répand et que les mesures de confinement se durcissent.

En France, Air France-KLM a réduit ses activités de 90 %. Son action est lourdement sanctionnée par une perte de 53 % sur 1 mois. Le titre s’est néanmoins stabilisé durant la 3e du mois de mars à environ 4,5 €.

L’hôtellerie n’est pas épargnée, les actions de Sodexo et d’Accor ont perdu respectivement 44 % et 30 % de leur valeur en un mois.

Les métaux précieux, plus vraiment sûrs

Le marché des actions n’est pas le seul à être affecté. L’or, qui servait jusque là de valeur refuge, a aussi fortement chuté. L’once est revenue au niveau de fin 2019 à 1 500 $.

La panique sur les marchés a été telle que certains automatismes ont été bouleversés. Les investisseurs achètent systématiquement les métaux précieux dans les périodes difficiles. Mais cette fois, même ceux-ci sont vendus au profit de liquidités.

Autre facteur qui pèse sur l’or, l’indice du dollar (DXY), qui mesure le prix du dollar américain par rapport à un panier de 6 monnaies rivales, dont l’euro. Le DXY est au plus fort depuis la crise de 2008. L’indice a gagné 6,3 % à la mi-mars, témoignant de la hausse du dollar qui est une monnaie dont la valeur est inversement corrélée à l’or.

Le dollar américain s’est apprécié par rapport à pratiquement tous les actifs, à cause de la ruée mondiale désespérée vers la liquidité. Les craintes d’une baisse mondiale du crédit ont été exacerbées par la hausse du dollar, contribuant ainsi à la vente généralisée d’actions et d’autres actifs tels que l’or.

L’argent, à cause de son exposition dans l’industrie, est dans une pente plus raide avec une baisse du prix de l’once de 27 % à 12,6 $ en 2 semaines.

Le pétrole et les valeurs pétrolières

L’or noir a aussi fortement chuté pour retrouver ses plus bas prix de 17 ans. Le future sur le Brent est tombé à 24,88 dollars le baril et le WTI à 24 dollars. Cela est logiquement dû à la forte diminution de la consommation mondiale.

Il est cependant important de noter que le pétrole a accéléré sa chute suite à l’absence de consensus au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) lors de leur réunion du 6 mars à Vienne.

L’Arabie Saoudite a décidé d’augmenter sa production, malgré la proposition de la Russie de maintenir les volumes de production actuels. L’augmentation de l’offre a contribué à la chute des prix. Le Brent a cédé près de 60 % de sa valeur depuis le début de l’année.

Interdiction des ventes à découvert

La vente à découvert consiste à vendre des titres (comme des actions) que l’on ne détient pas en portefeuille, dans l’espoir de les racheter au comptant moins cher ultérieurement.

Elle permet donc à certains spéculateurs de profiter de la chute actuelle des marchés. Mais pas seulement, car on peut également y avoir recours pour couvrir d’autres positions. Le problème, c’est que la vente à découvert accentue la baisse.

Le 17 mars, l’Autorité des marchés financiers a interdit pour 24 heures la vente à découverte sur les titres qui avait subi une perte de 10 % la veille. Près de 92 actions étaient alors concernées, dont Air France-KLM. Cette interdiction a été par la suite prolongée pour un mois, pour toutes les valeurs.

Les autorités de marchés milanais et madrilènes avaient déjà pris cette décision après les chutes historiques des principaux indices le 12 mars.